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LE CONTE DE LA FLEUR

 

Il était une fois une pauvre famille. Chaque année il y avait un enfant de plus, et où trouver un peu de pain pour manger ? Un soir, l'homme dit à la femme :

- Que ferons-nous de tous ces marmots ? Nous n'avons rien à leur donner. Il faut aller les perdre dans la forêt. Peut-être auront-ils une nouvelle chance.

Le lendemain le père les conduit tout au fonds d'une grande forêt par où passent quatre routes.

- Amusez-vous bien, je reviendrai vous chercher.

Mais il ne revient pas.

Les enfants regardent passer les voyageurs. Soudain arrive un beau carrosse tout doré avec une princesse dedans. Les enfants en sont tous émerveillés. 

- Comme je me plairais dans cette voiture ! dit l'un des garçons.

La princesse qui est dedans l'entend et demande :

- Qui a dit cela ?

Mais le garçon est trop timide, il croit avoir irrité la princesse et il se tait.

- C'est celui-ci affirme un valet.

La princesse s'adresse à lui.

- Il faut que tu viennes avec moi.

On le fait monter dans lavoiture.

- Comment t'appelles-tu ?

- La Fleur.

- C'est un très joli nom. Je vais te conduire dans un magnifique château. Rien ne te manquera, mais tu ne seras pas toujours heureux. Tu auras des moments difficiles. Souviens-toi bien de cela.

Ils arrivent dans un château merveilleux, c'est le château Magnifique, avec des tours, des tourelles, des toits couverts de tuiles rouges et des girouettes tout en or. Jamais La Fleur n'a vu une aussi belle bâtisse.

Le garçon s'installe.

- Moi, je vais te quitter, dit la jeune princesse. Je dois faire un long voyage. Toi, tu vivras içi aves les valets. Tu auras plusieurs mauvaises nuits à passer. Des hommes viendront et frapperont à la porte du château. Ils t'appelleront, mais ils ne te tueront pas.

- Tant pis , dit La Fleur, je souffrirai pour l'amour de vous.

La princesse partie, La Fleur se prépare à passer sa première nuit dans le château. Il a fait allumer un grand feu dans la cheminée et il regarde danser les flammes.

Entre onze heures et minuit, on frappe brutalement à la porte.

- Ho ! La Fleur, crient plusieurs voix, ouvre, ou nous enfoncerons la porte !

La Fleur ne répond pas.

Les hommes enfoncent la porte et s'emparent du garçon.

- Qu'allons-nous faire de lui ? dit celui qui était le chef.

- Jouons à la balle.

- C'est une bonne idée.

Ils se l'envoient donc de l'un à l'autre, comme s'il était une balle. Lorsque minuit sonne les hommes quittent rapidement le château.

Le lendemain matin, la princesse arrive et appelle La Fleur. Mais le garçon est si mal en point qu'il ne lui répond pas.

Elle entre et le voit sur un lit ne pouvant plus remuer.

- Pauvre princesse, je suis presque mort.

- Pas tout à fait, je vais te guérir.

Elle le frotte avec de la pommade et l'essuie avec un beau mouchoir blanc. Très vite, il guérit.

- Pauvre La Fleur, dit alors la princesse, tu as bien souffert, mais ce qui t'attend est pire encore. Maintenant je dois te quitter.

Entre onze heures et minuit, des voix se font attendre à la porte du château.

. - Ho ! La Fleur, tu es content dans ce château ? Ouvre ou nous enfonçons la porte.

- Qu'allons-nous faire de lui, aujourd'hui?

- Faisons le cuire à la broche.

Ils se mettent à chercher une broche suffisamment longue pour le faire cuire. Ils commencent à le piquer de toute part, mais minuit sonne et ils disparaissent.Le lendemain matin la princesse arrive et appelle La Fleur. Mais le garçon ne lui répond pas, tant il a mal. Elle entre et le trouve prêt à rendre son dernier soupir.

- Je meurs, princesse, je meurs.

- Pas tout à fait, je vais te guérir.

Elle le frotte et l'essuie avec un mouchoir rouge. La Fleur guérit très vite.

La princesse lui dit :

- Maintenant je te laisse maître de ce château. Moi, je m'en vais au loin. Peut être que l'on ne se reverra plus.

Elle l'embrasse et s'en va.

 

Les hommes ne sont pas revenus, mais La Fleur souffre encore. Il veut tant revoir la princesse, lui parler, lui dire qu'il l'aime. Le temps passe et il est toujours seul avec le s valets, sans aucune nouvelles.

Il va donc voir le vent du nord et lui demande :

- Savez-vous où loge maintenant la princesse du Château Magnifique ?

Le vent du nord ne sait pas. La Fleur va voir le vent d'est puis le vent d'ouest, mais ils ne savent pas non plus. C'est le vent du midi qui sait :

- Je vais te l'indiquer. Elle est loin, très loin. Je sais qu'elle se marie demain.

- Pouvez-vous me porter là-bas très vite ? Demande La Fleur.

- Je vais essayer. Tu n'as que me suivre.

La Fleur se cache dans la botte du vent. Et le vent du Midi souffle, souffle très fort.

- Tu me suis ? Demande le vent du midi.

- Oui, répond La Fleur, je te suis, tu peux aller plus vite.

Le vent du midi souffle encore un bon coup.

- Voilà, on y est, dit-il, en ouvrant tout grand les fenêtres de la chambre de la princesse.

La Fleur va vite se cacher derrière le rideau du lit après avoir placé le mouchoir blanc sur la petite table au milieu de la pièce. La princesse passe et ne fait pas attention.

Alors La Fleur met le mouchoir rouge. La princesse revient et voit les deux mouchoirs. Elle les prends et s'écrie .

- Que veut dire cela ? La Fleur, es-tu là ? Réponds-moi !

Alors La Fleur sort de derrière le rideau. Il est radieux et beau comme un prince. La princesse ne lui résiste pas. C'est lui qu'elle épouse et peu après ils retournent au Château Magnifique où ils vécurent tous les deux très heureux.

 

Texte tiré des "Contes traditionnels du Languedoc"

Auteur : Michel COSEM

Editions MILAN

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